Au Kenya, la Société du droit kényan, une organisation d’avocats, appelle à une journée de mobilisation la semaine prochaine. Depuis mardi, une passe d’armes se joue entre William Ruto et la justice kényane que le président accuse d’être corrompue et de l’empêcher de mener à bien sa politique de réforme. Des propos qui ont provoqué un véritable tollé dans le monde juridique kényan
Avec notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix
Tout commence le mardi 2 janvier lors de l’enterrement d’une personnalité. William Ruto entame son discours et s’en prend soudainement aux juges kényans. Les mots fusent. Le président parle de « corruption, de pots de vin », d’une justice au service du plus offrant et de jugements qu’il défiera. Dès le lendemain, la juge Martha Koome, à la tête de la Commission du service judiciaire du Kenya publie un mémo pour faire part de son indignation.
Attitude « déplorable »
« Cette attitude venant du chef de l’État est déplorable, commente Evans Ogada, avocat et membre de la Société du droit kényan. C’est un très mauvais signe pour notre démocratie ». Ces derniers mois plusieurs projets majeurs de William Ruto ont été bloqués par des décisions de justice, notamment sa loi sur l’assurance santé universelle ou sa réforme fiscale, jugées inconstitutionnelles par la Haute cour de Nairobi.
Au pied du mur
Le président kényan est au pied du mur. Le pays a un besoin crucial d’entrées d’argent alors qu’il doit honorer le remboursement d’un eurobond de 2 milliards, qui arrive à échéance en juin 2024. Un défaut de paiement serait un très mauvais signal que William Ruto souhaite éviter.