Cela fait maintenant deux semaines, dans la nuit du 18 au 19 décembre 2023, que le principal dépôt d’hydrocarbures du pays a explosé, provoquant la mort de 24 personnes et plus de 450 blessés. En plus des conséquences humanitaires, l’État guinéen s’active pour combler ses besoins en carburant. Il y a urgence, car la pénurie a déjà des impacts sur l’économie guinéenne et sur le pouvoir d’achat.
Les tarifs du carburant se sont envolés du fait de la pénurie. Conséquence automatique : le prix du transport a augmenté et avec lui, celui des marchandises et des produits de base vendus dans les marchés, de quoi affecter durement le pouvoir d’achat des ménages.
Les besoins en essence de la population sont les plus importants. Car elle est utilisée par la majorité du parc motorisé en Guinée. Dans les stations services, où les files d’attente ne cessent de s’allonger, la distribution d’essence est désormais limitée à 25 litres pour les voitures et 5 litres pour les deux-roues et les tricycles. Insuffisant dans un pays où l’offre de transports publics reste très limitée.
Le manque de carburant pénalise aussi de nombreux secteurs économiques, notamment l’industrie minière, principale pourvoyeuse de devises pour le pays. Certaines usines ont déjà suspendu leurs activités, telles que la Société minière de Dinguiraye (SMD), filiale de la compagnie aurifère russe Nordgold.
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Dans un courrier daté du 30 décembre 2023 que RFI a pu se procurer, la direction informe son personnel de sa mise immédiate au chômage technique. Une décision que l’entreprise justifie par l’épuisement total de son stock de fioul lourd, le fameux HFO, indispensable pour la poursuite de ses opérations.
La SMD précise qu’il lui reste juste un peu de gasoil qui va lui servir à la maintenance des équipements de son usine, de sa centrale et pour la fourniture d’électricité dans les cités qui hébergent ses employés.
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L’une des premières mesures des autorités guinéennes était justement de faire appel aux sociétés minières afin de réquisitionner leur gasoil et surtout leur HFO, prioritairement destiné aux centrales de l’entreprise publique Électricité de Guinée (EDG) pour alimenter le pays en énergie.
Le gouvernement a rapidement fait appel à ses voisins, dont la Côte d’Ivoire avec laquelle a été signé un contrat de livraison 50 millions de litres de carburant par mois.
Dès le premier jour du drame, la vente de carburant dans les stations service avait été tout simplement suspendue, avant d’opter pour le rationnement par véhicule suite à des affrontements à Conakry entre les forces de l’ordre et des groupes de jeunes, parmi lesquels plusieurs conducteurs de moto-taxi hostiles à la mesure.
De l’aveu même du Premier ministre Bernard Goumou, « cette crise va prendre du temps » du fait des « services publics et du secteur privé qui sont à l’arrêt ».